Dans une interview accordée à Conakry Infos ce mardi 21 novembre 2023, le président du Parti Citoyen pour la Défense des intérêts collectifs et président de l’Alliance Nationale pour le Changement s’est exprimé sur la question qui ne cesse de faire couler encre et salive au sein de la classe politique guinéenne, l’organisation des prochaines élections par le ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation.
Pour lui, il faut donner une chance au MATD de faire ses preuves, tout en faisant remarquer que les précédentes CENI n’avaient fait qu’accumuler des crises en Guinée.
Conakry infos : L’actualité, c’est aussi cette éventualité de confier l’organisation des prochaines élections au MATD, vous en tant qu’acteur politique, quelle est votre position à une telle éventualité ?
Hamidou Diallo : Croyez-moi cette question de confier la gestion des futures élections, avant cela, le processus de retour du pays à l’ordre constitutionnel a été confiée aux MATD. Cela a été discuté au niveau de la plateforme de cadre de dialogue et cela a été validé là-bas. Je pense qu’en tant que démocrate, il faut se solidariser avec cette décision et avancer. Ce n’est pas parce qu’on confie cette élection au MATD qu’il se permettra de tout faire. N’oubliez pas qu’en amont, il y aura un organe de contrôle qui va être composé que de l’ensemble des représentants des compétiteurs pour voir comment apporter un regard critique sur le fonctionnement, l’organisation, sur les différentes failles qui seront commises çà et là par le MATD. Je pense qu’à cela, on pourrait voir à travers ce modèle. Qu’est-ce qui est mieux pour nous. Parce que n’oubliez pas qu’il y’a 10 ans, nous étions avec les CENI et toutes ces organisations, les élections étaient émaillées de violence, de corruption ; c’est-à-dire de tous les maux que je ne saurai le qualifier maintenant là. C’est pour cela qu’à un moment donné, les uns et les autres ont estimé qu’il faut revoir cette façon de faire pour voir comment est-ce que le MATD et bien entendu cet organe de supervision pourraient aller de concert organiser des élections transparentes et acceptées de tous.
Conakry infos : Est-ce que vous comprenez ceux qui pensent qu’il faut confier l’organisation des élections à la CENI pour éviter que les autorités de la transition aient une main mise sur le futur président qui sera élu ?
Hamidou Barry : Que ce soit l’un ou l’autre, croyez-moi, les acteurs politiques ne seront jamais d’accord. Parce que, nous estimons que lorsque c’est un représentant de la société civile encore une fois comme on l’a connu dans le passé qui est président de cet organe qui est censé être véritablement indépendant et qui n’a jamais été par les faits. Je pense que cela a créé des soucis à notre endroit, c’est pour cela que nous estimons qu’on donne la latitude au MATD pour organiser les élections référendaires et après ces élections référendaires et communales, nous saurons juger leur capacité par rapport à leur organisation, par rapport à leur implication et par rapport à leur dose d’impartialité et de bonne foi pour organiser les élections. N’oubliez pas qu’on aura une série d’élections à organiser, ce n’est pas parce que nous donnons carte blanche au MATD, le MATD n’est pas à l’image d’un homme, c’est une institution qui sera chargée de travailler de concert avec l’organe de contrôle en amont bien entendu pour organiser ces élections. Je pense que lorsqu’on a expérimenté la même chose pendant 10 ans et qu’on a obtenu les mêmes résultats, je pense qu’il va falloir aller à autre chose pour voir ce que c’est.
Conakry infos : nous sommes à 13 mois normalement de la fin annoncée de la transition et il n’y a pas de fumée par rapport à une sortie effective de la transition. Est-ce que vous ne craignez pas un glissement de calendrier ?
Hamidou Barry : Non, la logique d’un glissement n’est pas à l’ordre du jour à l’ANC. Nous, nous estimons aujourd’hui que nous devons travailler à aller vers le terme de cette transition à la fin de cette année qui faufile à l’horizon. Et entretenir le débat sur un quelconque glissement de calendrier serait encore un faux débat de mon point de vue. C’est pour cela que nous, nous estimons que le président Colonel Doumbouya sait d’où il est venu pour prendre les destinées de ce pays et qu’il aura tort d’agir dans le sens contraire de ses engagements. C’est pour cela que je respecte son engagement et sa maturité qui nous ont conduits par rapport à cette transition et j’estime que ce colonel que je connais est très mal placé pour penser à de telles aventures. C’est pour cela que ceux qui entretiennent la logique de glissement çà et là, je pense que ce n’est pas un débat qu’il faut poser au niveau de l’arène politique. Mais croyez-nous que si ce cas s’avère que l’ANC tirera toutes les conséquences qui s’affairent à cela.
Ibrahima Sory Soumah et Adama Sira Bah