Général Oumar Sanoh : « 155 corps ont été déposés par quatre camions à la morgue d’Ignace Deen. »

Le passage des témoins dans le procès des événements du 28 septembre 2009 se poursuit devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la cour d’appel de Conakry. Ce mercredi, c’est le Général de brigade Oumar Sanoh, le deuxième témoin dans cette affaire qui a été appelé à la barre.

D’entrée, Oumar Sanoh déclare que tout le monde était informé du meeting des forces vives, mais que lui personnellement n’était pas trop convaincu de sa tenue à cause du bon rapport que le capitaine Dadis entretenait avec les leaders politiques d’alors.

Poursuivant, il dit comme lui avait notifié le capitaine Dadis, le 27 septembre, la veille du meeting des forces vives, le général dit avoir transmis le communiqué à tous les chefs d’État major et les commandants des grandes unités afin de consigner tous les militaires dans les casernes.

j’ai appelé le ministre Diaby, il m’a dit qu’il va dans son chantier à Coyah, je lui ai dit qu’il y a quelque chose qui se passe au stade, on veut des ambulances

Parlant de ce qui s’est passé au stade le 28 septembre 2009, le Général de brigade Oumar Sanoh a reconnu avoir vu et compté au camp Samory Touré à Kaloum 155 corps qui avaient été transportés à travers 4 camions : « Entre 10 heures et 11 heures, j’ai reçu l’appel d’une française à travers un téléphone, elle m’a dit qu’elle est responsable de la Croix rouge international, elle est là pour former la Croix rouge guinéenne. Elle dit qu’elle est au stade, on est débordée, la croix rouge est là, il y a beaucoup de blessés et il y a des morts, mais il n’y a qu’une seule ambulance, aidez-nous à avoir des ambulances. J’ai contacté le service de santé, j’ai appelé le ministre Diaby, il m’a dit qu’il va dans son chantier à Coyah, je lui ai dit qu’il y a quelque chose qui se passe au stade, on veut des ambulances, la croix rouge a besoin des ambulances et il dit que toutes les ambulances de l’armée sont en panne, on a hérité des engins défectueux après Lansana Conté. Il a dit qu’il va voir au niveau des hôpitaux, il a raccroché et je suis resté », a-t-il expliqué

« Il a rappelé et m’a dit que Fatou Siké n’a qu’une seule ambulance disponible, l’ambulance est partie au stade. On est resté sur ça, la dame m’a rappelé qu’il y a 2 ambulances, mais le nombre est insuffisant. Ainsi, elle m’a demandé si je pouvais avoir des camions. Je lui ai répondu : vous voulez combien de camions ? Je peux avoir 3 camions. J’ai appelé le commandant du train militaire, je lui ai ordonné de préparer 3 camions carburés avec des chauffeurs à bord et de désigner un chef de mission parmi les chauffeurs. Les chauffeurs sont allés directement au stade, rencontrer la Française et ils se sont mis à sa disposition. Elle m’a confirmé que les 3 camions sont arrivés. Ce sont ces 3 camions que moi j’ai ordonnés. Ensuite, par l’intermédiaire des chauffeurs, la dame a pu avoir le commandant du train militaire pour dire qu’il a été augmenté un camion, cela fait 4 camions », a laissé entendre l’ex chef d’Etat-major Oumar Sanoh

Les 4 camions sont allés au stade, ils ont embarqué 155 corps

À en croire l’ex chef d’État-major Oumar Sanoh, les 155 corps ont été transportés au camp Samory Touré à Kaloum, puis ramenés à la morgue d’Ignace Deen, sur initiative des chauffeurs. « Les 4 camions sont allés au stade, ils ont embarqué 155 corps, ils ont démarré pour aller à la morgue, arrivés à la morgue, les chauffeurs n’ont pas vu les responsables de la morgue, sur leur initiative, ils ont conduit les corps au camp Samory. Ceux qui étaient à la morgue ne pouvaient pas recevoir les corps, la salle n’était pas préparée. Les chauffeurs ont décidé eux-mêmes d’aller au camp Samory. Ils ont garé les 4 camions tout en demandant de les appeler quand la morgue sera prête. Puis, quand la salle était prête, les quatre camions ont déposé 155 corps à la morgue à Ignace Deen (…). », a déclaré l’ex chef d’État-major général des armées ce mercredi.

En outre, le général des armées Oumar Sanoh a reconnu que ces infractions ont été commises par des militaires, des bérets rouges relevant de la garde présidentielle.

 

Mamadou Samba Barry

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