Etats-Unis : Voici l’intégrale de l’échange tendu entre Trump, Vance et Zelensky à la Maison Blanche

Cet échange qui a eu lieu à la Maison-Blanche a suscité de vives réactions à travers le monde : l

Le président des États-Unis, Donald Trump, et son vice-président J.D. Vance ont accueilli vendredi, à la Maison-Blanche, le président de l’Ukraine, Volodymy Zelensky.

La rencontre censée sceller un accord sur les minerais ukrainiens, a viré à l’affrontement. Le président américain a pressé son homologue de conclure un compromis, l’accusant de jouer avec des millions de vies et d’alimenter le risque d’une troisième guerre mondiale.

La conversation d’environs trois quarts d’heure a tourné au vinaigre.

Face à une discussion tendue et à des divergences profondes sur la diplomatie avec Moscou, Zelensky a quitté précipitamment les lieux.

Tout a commencé quand un journaliste a demandé si le président Trump était trop «aligné» avec Vladimir Poutine, le président de la Russie.

Voici la transcription complète.

TRUMP: Si je ne m’alignais pas sur les deux [Poutine et Zelensky, NDLR], il n’y aurait jamais d’entente. Vous voulez que je dise des choses vraiment horribles sur Poutine, puis que je dise: «Bonjour Vladimir, comment ça regarde pour une entente?» Ça ne marche pas comme ça. Je ne suis pas aligné avec Poutine, je ne suis aligné avec personne, je suis aligné avec les États-Unis et pour le bien du monde. Je suis aligné avec le monde et je veux en finir avec cette affaire. Vous voyez la haine [que Zelensky] a pour Poutine, c’est très difficile pour moi de conclure un accord avec une telle haine. Il a une haine énorme, et je le comprends, mais je peux vous dire que l’autre camp n’est pas vraiment amoureux de lui non plus. Donc, ce n’est pas une question d’alignement, je suis aligné avec le monde. Je veux que les choses [s’arrangent]; je suis aligné avec l’Europe, je veux voir si nous pouvons faire avancer les choses. Vous voulez que je sois dur? Je peux être plus dur que n’importe quel être humain que vous n’ayez jamais vu, je serais si dur, mais vous n’obtiendrez jamais d’entente de cette façon, c’est comme ça. D’accord, autre question?

VANCE: Je veux répondre à ça. Écoutez, pendant quatre ans, les États-Unis ont eu un président qui s’est levé lors de conférences de presse et a parlé durement de Vladimir Poutine, puis Poutine a envahi l’Ukraine et détruit une partie importante du pays. La voie de la paix et de la prospérité passe peut-être par la diplomatie. Nous avons essayé la voie de Joe Biden, celle de se frapper la poitrine et de prétendre que les paroles du président des États-Unis importaient plus que ses actions. Ce qui fait de l’Amérique [les États-Unis, NDLR] un bon pays, c’est que l’Amérique s’engage dans la diplomatie. C’est ce que fait le président Trump.

ZELENSKY: Puis-je vous poser une question?

VANCE: Bien sûr.

ZELENSKY: Oui?

VANCE: Oui.

ZELENSKY: D’accord. [Poutine] a occupé nos régions, de grandes parties de l’Ukraine, une partie de l’Est et la Crimée; il les a occupées en 2014. Donc, pendant de nombreuses années… Je ne parle pas seulement de Biden, mais de cette époque où il y avait le président Obama, puis le président Trump, puis le président Biden, maintenant le président Trump. Que Dieu le bénisse, maintenant le président Trump va l’arrêter. Mais en 2014, personne ne l’a arrêté. Il a juste occupé, et pris. Il a tué des gens, vous savez? Sur le front…

TRUMP: 2015.

ZELENSKY: 2014.

VANCE: De 2014 à 2015.

TRUMP: Ah, 2014.

ZELENSKY: Oui, oui, oui, alors…

TRUMP: Je n’étais pas là.

ZELENSKY: Oui, mais…

VANCE: C’est tout à fait exact.

ZELENSKY: Oui, mais de 2014 à 2022, la situation était la même, des gens mouraient sur la ligne de front. Personne ne l’a arrêté. Vous savez que nous avons eu des conversations avec lui, beaucoup de conversations, des conversations multilatérales. Et nous avons signé avec lui, moi… En tant que nouveau président en 2019, j’ai signé l’accord avec lui. J’ai signé avec lui, Macron [le président de la France] et Merkel [chancellière d’Allemagne à l’époque], nous avons signé un cessez-le-feu. Un cessez-le-feu… ils m’ont tous dit qu’il ne partirait jamais, nous avons signé un contrat gazier avec lui… Oui, mais après cela, il a rompu le cessez-le-feu, il a tué nos gens et il n’a pas procédé à l’échange de prisonniers. Nous avons signé l’échange de prisonniers, mais il ne l’a pas fait. De quel genre de diplomatie, J.D., parlez-vous? Que voulez-vous dire?

VANCE: Je parle du type de diplomatie qui mettra fin à la destruction de votre pays.

ZELENSKY: Oui, mais si vous…

VANCE: Monsieur le Président, Monsieur le Président, avec tout le respect que je vous dois, je pense que c’est un manque de respect de votre part de venir dans le Bureau ovale et d’essayer de plaider cette affaire devant les médias américains. En ce moment, vous allez de l’avant et forcez les conscrits à aller au front parce que vous avez des problèmes de main-d’œuvre. Vous devriez remercier le président d’essayer de mettre fin à ce conflit.

ZELENSKY: Êtes-vous déjà allé en Ukraine pour voir quels sont nos problèmes?

VANCE: Je suis allé…

ZELENSKY: Venez une fois.

VANCE: J’ai en fait regardé et vu les reportages et je sais que ce qui se passe, c’est que vous amenez des gens, vous les amenez pour une tournée de propagande, Monsieur le Président. N’êtes-vous pas d’accord pour dire que vous avez eu des problèmes pour faire entrer des gens dans votre armée?

ZELENSKY: Nous avons des problèmes…

VANCE: Et pensez-vous qu’il est respectueux de venir au Bureau ovale des États-Unis d’Amérique et d’attaquer l’administration qui tente d’empêcher la destruction de votre pays?

ZELENSKY: Voilà beaucoup de questions. Commençons par le début.

VANCE: Bien sûr.

ZELENSKY: Tout d’abord, pendant la guerre, tout le monde a des problèmes. Même vous, mais vous avez une bel océan entre nous et vous ne le ressentez pas maintenant, mais vous le ressentirez à l’avenir. Que Dieu vous bénisse, que Dieu vous bénisse…

TRUMP: Vous n’en savez rien. Vous ne savez pas… Ne nous dites pas ce que nous allons ressentir. Nous essayons de résoudre un problème. Ne nous dites pas ce que nous allons ressentir.

ZELENSKY: Je ne vous dis rien, je réponds à la question…

TRUMP: Parce que vous n’êtes pas en position de le dicter.

VANCE: C’est exactement ce que vous faites.

TRUMP: Vous n’êtes pas en position de dicter ce que nous allons ressentir, nous allons nous sentir très bien. Nous allons nous sentir très bien et très forts…

ZELENSKY: Vous ressentirez l’influence…

TRUMP: Vous n’êtes pas en très bonne position en ce moment. Vous vous êtes laissé vous retrouver dans une très mauvaise position…

ZELENSKY : Depuis le tout début de la guerre…

TRUMP: Vous n’êtes pas en position de force. Vous n’avez pas les cartes en main pour l’instant. Avec nous, vous commencez à avoir des cartes.

ZELENSKY: Je ne joue pas aux cartes. [inaudible] Monsieur le Président, [inaudible].

TRUMP: En ce moment, vous jouez aux cartes, vous jouez aux cartes, vous jouez avec la vie de millions de personnes. Vous jouez avec la Troisième Guerre mondiale. Vous jouez avec la Troisième Guerre mondiale. Et ce que vous faites est très irrespectueux envers le pays, ce pays. Il vous a soutenu bien plus que ce que beaucoup de gens auraient dû faire.

VANCE: Avez-vous dit «merci» une seule fois pendant tout ce temps?

ZELENSKY: Plusieurs fois.

VANCE: Non, dans ce…

ZELENSKY: Même aujourd’hui. Même aujourd’hui…

VANCE: Non, dans toute cette réunion. Vous êtes allé en Pennsylvanie et avez fait campagne pour l’opposition en octobre. Offrez quelques mots de reconnaissance pour les États-Unis et le président qui tente de sauver votre pays.

ZELENSKY: S’il vous plaît, vous pensez que si vous parlez très fort de la guerre…

TRUMP: Il ne parle pas fort. Il ne parle pas fort. Votre pays est en grande difficulté.

ZELENSKY: Puis-je? Puis-je répondre?

TRUMP: Attendez une minute. Non, non. Vous avez beaucoup parlé. Votre pays est en grande difficulté.

ZELENSKY: Je sais. Je sais.

TRUMP: Vous ne gagnez pas, vous ne gagnez pas. Vous avez de très bonnes chances de vous en sortir grâce à nous.

ZELENSKY: Monsieur le Président, nous restons dans notre pays, nous restons forts. Depuis le tout début de la guerre, nous sommes seuls et nous en sommes reconnaissants. J’ai dit merci dans ce cabinet, [inaudible], j’ai dit merci…

TRUMP: Vous n’avez pas été seuls. Vous n’avez pas été seuls. Nous vous avons donné, par l’intermédiaire de ce stupide président, 350 milliards de dollars.

ZELENSKY: Vous avez voté pour votre président.

TRUMP: Nous vous avons donné du matériel militaire et vos hommes sont courageux, mais ils ont dû utiliser nos militaires. Si vous n’aviez pas eu notre matériel militaire, si vous n’aviez pas eu notre matériel militaire, cette guerre aurait été terminée en deux semaines.

ZELENSKY: Dans trois jours, je l’ai entendu de la bouche de Poutine, dans trois jours…

TRUMP: Peut-être moins.

ZELENSKY: Dans deux semaines, bien sûr…

TRUMP: Il va être très difficile de négocier comme ça, je vous le dis.

VANCE: Dites simplement merci.

ZELENSKY: Je l’ai dit à maintes reprises, merci au peuple américain…

VANCE: Acceptez qu’il y a des désaccords et allons plaider ces désaccords plutôt que d’essayer de vous battre dans les médias américains lorsque vous avez tort. Nous savons que vous avez tort.

TRUMP: Mais vous voyez, je pense que c’est bien pour le peuple américain de voir ce qui se passe. Je pense que c’est très important, c’est pourquoi j’ai fait durer cela si longtemps. Vous devez être reconnaissant…

ZELENSKY: Je suis reconnaissant…

TRUMP: Vous n’avez pas les cartes. Vous êtes enterrés là-bas, vos hommes meurent, vous manquez de soldats… Écoutez. Vous manquez de soldats, ce serait une sacrée bonne chose. Ensuite, vous nous dites: «Je ne veux pas de cessez-le-feu, je ne veux pas de cessez-le-feu, je veux partir, et je veux ceci…». Écoutez, si vous pouviez obtenir un cessez-le-feu maintenant, je vous dis que vous l’accepteriez pour que les balles cessent de voler et que vos hommes cessent de se faire tuer.

ZELENSKY: Bien sûr, bien sûr que nous voulons arrêter la guerre.

TRUMP: Mais vous dites que vous ne voulez pas de cessez-le-feu…

ZELENSKY: Ce que je vous ai dit…

TRUMP: Je veux un cessez-le-feu. Parce qu’on obtient un cessez-le-feu plus rapidement qu’un accord.

ZELENSKY: Avec des garanties. Demandez à nos gens ce qu’ils pensent du cessez-le-feu. Peu importe pour vous ce que…

TRUMP: Ce n’était pas avec moi. Ce n’était pas avec moi. […] C’était avec un type nommé Biden qui n’est pas intelligent… C’était avec Obama.

ZELENSKY: C’était votre président. C’était votre président…

TRUMP: Excusez-moi, c’était avec Obama qui vous a donné des draps, et moi je vous ai donné des javelots.

ZELENSKY: Oui.

TRUMP: Je vous ai donné les javelots pour éliminer tous ces chars. Obama vous a donné des draps. En fait, la déclaration est la suivante: Obama a donné des draps et Trump a donné des javelots. Vous devez être plus reconnaissant. Parce que laissez-moi vous dire que vous n’avez pas les cartes. Avec nous, vous avez les cartes. Mais sans nous, vous n’avez aucune carte.

JOURNALISTE: Une dernière question…

TRUMP: Ce sera une affaire difficile à conclure. Parce que les attitudes doivent changer.

JOURNALISTE: Et si la Russie rompt le cessez-le-feu?

TRUMP: Que dites-vous?

VANCE: Elle demande: «Et si la Russie rompt le cessez-le-feu?»

TRUMP: Eh bien, et s’ils… Et si quoi que ce soit! Et si une bombe vous tombait sur la tête maintenant? D’accord? Et s’ils le rompaient [l’accord]? Je ne sais pas. Ils l’ont rompu avec Biden parce que Biden, ils ne le respectaient pas, ils ne respectaient pas Obama. Ils me respectent. Laissez-moi vous dire que Poutine a traversé un enfer avec moi. Il a traversé une fausse chasse aux sorcières où ils l’ont utilisé, lui et la Russie. La Russie, la Russie, la Russie, vous avez déjà entendu parler de cet accord? C’était un faux, une arnaque de Hunter Biden, Joe Biden. Hillary Clinton, Adam Schiff le sournois, c’était une arnaque démocrate. Et il a dû subir ça. Et il l’a subi et nous n’avons pas fini dans une guerre. Il a subi ça, il a été accusé de toutes ces choses, il n’avait rien à voir avec ça. Ça venait de la salle de bain de Hunter Biden. Ça venait de la chambre de Hunter Biden. C’était dégoûtant. Et puis ils ont dit: «Oh, oh, l’ordinateur portable de l’enfer a été fabriqué par la Russie». Les 51 agents, tout cela n’était qu’une arnaque, et il a dû supporter ça. Il a été accusé de toutes ces choses. Tout ce que je peux dire, c’est ceci: il a peut-être rompu des accords avec Obama et Bush, et il les a peut-être rompus avec Biden. Il l’a peut-être fait, peut-être pas, je ne sais pas ce qui s’est passé. Mais il ne l’a pas fait avec moi. Il veut conclure un accord. Je ne sais pas s’il peut conclure un accord. […] Le problème, c’est que je t’ai donné le pouvoir [il regarde Zelensky] d’être un dur à cuire. Et je ne pense pas que tu serais un dur à cuire sans les États-Unis. Et ton peuple est très courageux.

ZELENSKY: Merci.

TRUMP: Mais soit vous concluez un accord, soit nous partons. Et si nous partons, vous vous battrez. Je ne pense pas que ce sera joli, mais vous vous battrez. Mais vous n’avez pas les cartes en main. Mais une fois que nous aurons signé cet accord, vous serez dans une bien meilleure position. Mais vous n’agissez pas du tout avec gratitude, et ce n’est pas bien. Pour être honnête, ce n’est pas bien. […] Très bien, je pense que nous en avons assez vu, qu’en pensez-vous? Ce sera de la grande télévision, je vous le dis.

Source : Noovo.info