États-Unis: Donald Trump scandalise avec une allusion à l’usage de la violence contre Clinton

[dropcap]L[/dropcap]ors d’un meeting en Caroline du Nord, mardi 9 août, Donald Trump a déclaré qu’Hillary Clinton « voulait abolir le deuxième amendement » de la Constitution américaine, avant d’affirmer qu’elle se servirait de la Cour suprême pour y arriver, si jamais elle accédait à la Maison Blanche. Le deuxième amendement autorise le port d’armes aux Etats-Unis.

« Si elle a la possibilité de choisir ses juges, il n’y a rien que vous puissiez faire, les gars », a prévenu le candidat républicain. « Quoique, avec le deuxième amendement, peut-être qu’il y a une solution, je ne sais pas… », a-t-il ajouté, déclenchant une nouvelle controverse avec cette déclaration considérée par beaucoup comme un appel à la violence.

Hillary Clinton a déploré dans un communiqué des « propos inacceptables de la part d’un candidat à la présidence », ajoutant : « Nous devons montrer que nous ne tolérons pas ce type de politique en Amérique. » Son directeur de campagne, Robby Mook, a de son côté rapidement accusé le candidat républicain d’utiliser un « langage dangereux ».

Le clan Trump plaide la mauvaise interprétation

L’ex-directeur de la CIA Michael Hayden a critiqué des propos qui « suggèrent soit une référence de très mauvais goût à un assassinat politique et une tentative d’humour, soit un incroyable manque de sensibilité ».

Le camp du milliardaire s’est défendu en blâmant l’interprétation de ses propos par des « médias malhonnêtes » dans un communiqué. Rudolph Giuliani, ancien maire de New York et soutien de M. Trump, a même jugé « dégoûtant » que des médias puissent suggérer toute incitation à la violence.

Interrogé sur Fox News, le candidat républicain a assuré qu’il parlait du pouvoir des électeurs et qu’« il ne pouvait y avoir d’autres interprétations » à son discours. « Cela s’appelle le pouvoir d’unifier. Les supporters du second amendement sont très dynamiques et complètement unis, ce qui leur confère un grand pouvoir politique », a précisé Jason Miller, son principal conseiller en communication.

Le lobby des armes à feu, la National Rifle Association, a en tout cas choisi son camp. L’organisation a investi 3 millions de dollars dans une campagne contre Hillary Clinton. « C’est l’une des femmes les plus riches du monde politique, annonce un spot de publicité de trente secondes mis en ligne mardi. Elle parcourt le monde en jet privé, protégée par des gardes armés depuis trente ans. Mais elle ne croit pas à votre droit de garder une arme chez vous pour vous protéger. »

Réactions outrées, dans les deux camps

Les réactions aux propos du candidat républicain ont été vives dans le camp démocrate. Chris Murphy, sénateur du Connecticut, où 20 enfants ont trouvé la mort dans une attaque au fusil-mitrailleur en 2012, a déclaré sur Twitter que les propos de Donald Trump étaient « dégoûtants » : « Ce n’est pas un jeu, des gens instables armés de puissantes armes à feu et d’une haine irrationnelle pour Hillary vous écoutent. » Le démocrate David Cicilline, élu du Rhode Island, a quant à lui qualifié ces propos d’« abjects ».

Même chez les républicains, de plus en plus agacés par les écarts de leur représentant dans la course à la Maison Blanche, des voix se sont fait entendre. Des élus républicains ont fait savoir qu’ils désapprouvaient les propos du candidat, qui divise dans son propre camp. L’ex-directeur de la CIA Michael Hayden a qualifié ces propos d’« extrêmement saisissants », ajoutant qu’ils « suggèrent soit une référence de très mauvais goût à un assassinat politique et une tentative d’humour, soit un incroyable manque de sensibilité ». M. Hayden, qui a dirigé les renseignements américains sous la présidence de George W. Bush, est l’un des cinquante signataires d’une lettre dénonçant l’incompétence de Donald Trump en matière de relations internationales et de sécurité intérieure, publiée dans le New York Times le 8 août.

AFP