L’interpellation le 9 février d’un imam de la mosquée de Yimbaya, une banlieue sud de la capitale, Conakry, avait déclenché des heurts entre habitants et policiers, faisant une douzaine de blessés.
« L’imam El-hadj Mohamed Soumah, le 3e imam de la mosquée de Yimbaya, a été inculpé après plusieurs jours d’auditions par un juge du tribunal de Mafanco suite à une plainte d’un membre d’une équipe de sensibilisation d’Ebola, qui dit avoir été blessé au domicile de l’imam », a précisé cette source judiciaire sous le couvert de l’anonymat.
Le plaignant avait été blessé le 9 février « lorsqu’une mission de sensibilisation avait été dépêchée dans le quartier de Yimbaya pour pulvériser une concession et interroger l’imam qui avait conduit des rites funéraires pour un fidèle suspecté d’être mort d’Ebola », a-t-on expliqué de même source.
Les manifestants avaient alors érigé des barricades, brûlé des pneus, renversé des poubelles sur la voie publique avant d’affronter à coups de cailloux et de bâtons les forces de l’ordre, qui ont eu recours aux gaz lacrymogènes et aux matraques.
Les manifestants avaient assuré que leur proche décédé était mort de causes naturelles et non d’Ebola.
Un officier de police sur place avait alors expliqué à l’AFP que les policiers voulaient « simplement, sur instruction des autorités sanitaires du pays, interroger l’imam sur la nature de la maladie dont souffrait le défunt, les conditions de son décès et les conditions dans lesquelles il a été inhumé ».
Les manifestants avaient cassé les pare-brise d’au moins une dizaine de véhicules de particuliers et brûlé deux bus, l’un appartenant à un complexe hôtelier et l’autre à la société des eaux de Guinée.
Les rites mortuaires impliquant un contact avec le corps continuent à être un des principaux facteurs de propagation du virus, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Le président guinéen Alpha Condé a multiplié récemment les déclarations justifiant le recours à la force pour enrayer l’épidémie contre des populations récalcitrantes, par déni du virus ou rejet de mesures sanitaires perçues comme autoritaires ou attentatoires à leurs coutumes.
Avec l’AFP