Dix gendarmes et des civils blessés après un meeting de l’opposition

[dropcap]U[/dropcap]ne dizaine de personnes, dont plusieurs gendarmes et des civils, ont été blessées mercredi à Conakry dans des heurts entre des opposants et les forces de l’ordre après un meeting de l’opposition guinéenne, a-t-on appris auprès des manifestants, de la sécurité et d’une source médicale.

 

Dix gendarmes ont été blessés après ce meeting, a indiqué à l’AFP un responsable de la gendarmerie, le commandant Mamadou Alpha Barry, sans faire état des circonstances et de bilan pour les civils.

Un dirigeant de l’opposition, l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, a parlé de « deux civils blessés par balle ». Une source médicale à l’hôpital Ignace Deen de Conakry a dit à l’AFP avoir admis dans son établissement un étudiant blessé par une « arme de feu » et qui souffre « d’une fracture ouverte du tibia et du péroné ».

Le porte-parole du gouvernement a de son côté fait état de quatre gendarmes et un civil blessés par balle.

Des biens dont des maisons et des véhicules ont été saccagés après la réunion de l’opposition, selon des témoins.

Des heurts avaient plus tôt éclaté dans la banlieue de Conakry entre les forces de l’ordre et les opposants dans le quartier Hamdallaye avant cette réunion, selon différentes sources qui n’ont pas fourni de bilan.

Des opposants avaient lancé des pierres aux policiers qui avaient utilisé des grenades lacrymogènes, selon des mêmes témoins. Des pneus avaient été brûlés par des opposants sur la chaussée, selon les mêmes sources.

« Je viens d’apprendre que nos militants (ont été) réprimés par les forces de l’ordre, comme toujours. L’opposition ne reculera pas. Nous allons mener le combat jusqu’au bout », a ensuite déclaré Cellou Dalein Diallo lors du meeting, devant plusieurs milliers de personnes qui ont scandé des slogans hostiles au président Alpha Condé.

« A bas le régime d’Alpha Condé », « A bas la CENI » la Commission électorale, ont-ils notamment crié lors de ce rassemblement organisé par « l’opposition républicaine », formée de plusieurs partis dont l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de M. Dalein Diallo et l’Union des forces républicaines (UFR) de l’ex-Premier ministre Sidya Touré.

Des responsables de l’opposition ont réclamé la tenue d’élections municipales avant la présidentielle de 2015. Un scrutin communal, dont le dernier organisé en Guinée remonte à décembre 2005, était initialement prévu durant le premier trimestre de 2014.

Les opposants ont aussi notamment demandé à avoir plus de représentants dans la Commission électorale, comptant 25 membres dont dix pour le pouvoir et dix pour l’opposition, plusieurs de ces derniers s’étant ralliés au camp présidentiel.

Les manifestations de l’opposition en Guinée sont souvent émaillées de violences meurtrières.

Au moins 157 opposants à la junte alors dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara avaient été tués le 28 septembre 2009 par des soldats lors d’un rassemblement pacifique dans un stade de Conakry.

Au moins 109 femmes avaient en outre été violées par ces mêmes soldats lors des incidents dans le stade, où des milliers d’opposants s’étaient rassemblés pour dire non à une candidature du capitaine Camara à la présidentielle de l’année suivante, finalement remportée par Alpha Condé.

M. Condé est le premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française, indépendante depuis 1958, dirigée jusqu’alors par des pouvoirs autoritaires.

AFP