Le dossier portant sur le présumé détournement de plus de 200 milliards GNF continue d’alimenter les débats. Dans une interview qu’il nous a accordé, Ibrahima Docta Yattara décrypte le phénomène de corruption dans le pays.
Conakryinfos : Qu’elle lecture faites de la lutte déclarée par le président contre la corruption ?
Ibrahim Docta Yattara :il n’y a pas mille lecture à faire de ce phénomène de corruption, c’est un phénomène universel qui se modernise avec la science et la technologie. C’est une sorte de forces de frottements qui s’oppose à la croissance économique. Le chef de l’Etat a pour slogan ‘’la prospérité partagée’’. Il sait qu’il faut qu’il y ait une croissance économique pour penser à la répartition des richesses et aux investissements. C’est pourquoi il fait de la lutte contre la corruption une priorité. Il veut partager les richesses, faire en sorte que tous les ménages puissent bénéficier des retombés de la croisse économique mais, avec la corruption les richesses risquent de ne pas arriver à destination.
La majorité des guinéennes pensent que la corruption se situe seulement au niveau des commis de Etats notamment les ministres et les directeurs. Loin s’en faut ! Les citoyens sont concernés, c’est une lutte complexe. Ce citoyen qui pense que son parent bénéficiaire d’un décret présidentiel ou d’une parcelle du pouvoir est maudit pour ne s’être pas enrichit sur le dos de l’Etat ou qui encourage un proche à faire des réalisations hors de prix, sachant que le salaire de ce dernier ne lui permet pas, participe, sans le savoir ou le vouloir à entretenir la corruption dans le pays. Les exemples sont légion. Donc le président n’affiche que sa volonté politique mais, il ne peut pas réussir tout seul. Chacun doit y participer autant que faire se peut, parce que tout le monde est coupable, tout le monde est victime. Il faut aider le président de la République dans sa lutte contre la corruption.
Aujourd’hui, une histoire de détournement de plus 200.millard par un ministre de la république monopolise les débats. Votre commentaire ?
Lorsqu’un citoyen entend qu’il y a un détournement de 200 milliards GNF, tout de suite, il rentre dans son droit de se poser des questions. Mais ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est qu’il ne faut pas prendre les alertes de ce genre pour une réalité absolue tant que les faits ne sont établis, tant que les structures compétentes en la matière ne se sont pas déterminées sur la question. Il ne faut surtout pas se laisser commander par les réseaux sociaux. Actuellement, l’État à des inspecteurs généraux pour des vérifications, on a la cour des comptes etc. Il suffit d’activer le corps du contrôle de la finance pour tirer les choses au claire.
Avec la détermination du Président Alpha Condé, on est tenté de se demander s’il ne va pas créer un département entier en charge de la lutte contre la corruption et lui donner toute les forces nécessaires.
On a eu l’impression que le gouvernement et la jeunesse du RPG-arc-en-ciel ne sont sur la même longueur d’onde quant au traitement de cette histoire de détournement…
Il n’y a aucun problème entre la jeunesse du parti au pouvoir et le gouvernement. Chacun a joué son rôle. Le gouvernement ne peut pas laisser la presse ternir l’image d’un ministre avec des accusations simples, en attendant des preuves tangibles. Le RPG-arc-en-ciel aussi a besoin de soutenir le Président dans sa croisade contre la délinquance économique. Tout le monde a joué son rôle. Attendons ce qui peut en découler.
Interview réalisée par
Kadiatou N’Diaye