[dropcap]E[/dropcap]n pleine crise politique au cœur de la transition au Burkina Faso, le président Michel Kafando a choisi jeudi de maintenir en poste son premier ministre Isaac Zida. Un choix contraire au souhait du Régiment de sécurité présidentielle qui réclamait sa démission.
« Tout bouleversement à ce niveau ne ferait que perturber la saine préparation des élections avec pour risques majeurs d’allonger les délais de notre engagement à organiser le scrutin à la bonne date », a-t-il expliqué pour justifier sa décision.
Démis de ses fonctions à la Défense
Cependant, Isaac Zida sort affaibli de cette nouvelle crise puisqu’il perd ses pouvoirs à la tête du ministère de la Défense. Ce dernier étant vivement critiqué par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et par une partie de l’armée, le président Kafando a préféré lui retirer son portefeuille.
Depuis deux semaines, Isaac Zida se trouve en terrain miné. Les chefs du RSP l’accusent d’avoir monté de toutes pièces les rumeurs de son arrestation à son retour de Taïwan, fin juin. Selon le RSP, cela devait lui servir à « régler définitivement ses comptes » avec ses anciens frères d’armes.
L’armée accusée de perturber la transition
Le chef de l’État, qui a joué le rôle d’arbitre entre le RSP et Zida, a blâmé l’armée jeudi. « Je le dis tout net, il n’est pas juste que pour des intérêts divergents, notre armée nationale dont c’est la mission de protéger la paix au Burkina Faso en vienne à être le perturbateur de la paix au Burkina Faso », a-t-il martelé.
Cette décision de Michel Kafando survient après un vote des députés du parlement intérimaire qui ont mis en accusation l’ex-président Blaise Compaoré devant la Haute Cour de justice pour «haute trahison » et « attentat à la Constitution ». Un remaniement du gouvernement est prévu ce week-end.
JA