Burkina Faso : Blaise Compaoré ne démissionne pas de la présidence

Après une journée marquée par des violences au Burkina Faso, le président contesté Blaise Compaoré s’est exprimé, dans la soirée du jeudi 30 octobre, sur la chaîne privée Canal 3. Il a précisé qu’il quitterait la tête de l’exécutif à l’issue de son mandat. Le chef de l’Etat appelle à des pourparlers avec les acteurs politiques et invite à un gouvernement de transition à la fin duquel il annonce qu’il transmettra le pouvoir au président démocratiquement élu. Plus tôt dans la journée, le gouvernement et l’Assemblée nationale ont été dissous.

Blaise Compaoré a par ailleurs indiqué qu’il retirait le projet de loi sur la révision de la constitution, élément déclancheur d’une révolte populaire sans précédent un pays d’Afrique.
Les manifestations violentes qui ont endeuillé et plongé notre peuple dans la stupeur n’honorent pas le pays des Hommes intègres, mais j’ai entendu le message, je l’ai compris et pris la juste mesure des fortes aspirations de changement.

ÉTAT DE SIÈGE LEVÉ

La situation dans le pays a dégénéré alors que les députés devaient examiner dans la journée ce texte permettant au président Blaise Compaoré de briguer un cinquième mandat.

Voici l’intégralité du discours.

Peuple du Burkina Faso, chers compatriotes,

Il y a des instants dans la vie des peuples et des nations où le silence est plus expressif que la prise de parole.

Ces moments de grande douleur que nous vivons en font partie.

Les manifestations violentes qui ont endeuillé et plongé notre peuple dans la stupeur n’honorent pas le pays des Hommes intègres, mais j’ai entendu le message, je l’ai compris et pris la juste mesure des fortes aspirations de changement.

Aussi, voudrais-je présenter mes condoléances les plus attristées aux familles éplorées et souhaiter un prompt rétablissement aux nombreux blessés.

En ce tournant décisif de la marche de notre peuple, j’appelle toutes les parties à mettre en avant l’intérêt supérieur de la nation. En ce tournant décisif de la marche de notre pays, j’appelle toutes les parties en mettre en avant l’intérêt supérieur de la nation.

J’appelle les forces de l’ordre et l’ensemble des manifestants au respect de l’intégrité physique de tous les citoyens ainsi qu’au respect des biens publics et privés.

Je demeure convaincu que le dialogue constructif pourra permettre à notre peuple de retrouver sa quiétude d’antan et regarder l’avenir avec assurance.

En ce qui me concerne, je reste disponible à ouvrir avec vous des pourparlers pour une période de transition à l’issue de laquelle je transmettrai le pouvoir au président démocratiquement élu.

En vue du rétablissement de ce dialogue, j’ai décidé de retirer le projet de loi contesté et de procéder à son annulation. Pour permettre à chacune des parties, l’opposition politique, la société civile et la majorité de renouer le fil du dialogue dans la sérénité, je décide ce qui suit :

-Le gouvernement est dissout

– A compter de ce jeudi 30 octobre, je déclare annulé l’état de siège sur toute l’étendue du territoire national.

J’exprime ma reconnaissance à tous ceux qui ont cru en moi et qui ont sacrifié de leur bien et quiétude.

Ma reconnaissance va aussi à l’opposition pour l’attitude républicaine de ses dirigeants. Ensemble, nous devons tous œuvré à éviter un approfondissement de la fracture sociale et un délitement de notre tissu économique.

Chacun doit jouer sa partition afin que nous parvenions à un retour définitif à la paix sociale. Je salue les forces de l’ordre pour leur professionnalisme et leur sacrifice qui nous ont évités une catastrophe qui aurait été irrémédiable.

Que Dieu bénisse le Burkina Faso !

Je vous remercie.

Blaise Compaoré

Président du Faso