Jusqu’ici, les autorités brésiliennes ont enregistré 10 627 décès et 155 939 cas de contamination au Covid-19. Des chiffres qui, selon la communauté scientifique, pourraient être 15, voire 20 fois plus élevés. Car le Brésil pratique très peu de tests.
Bientôt l’épicentre de la pandémie ?
Au rythme élevé où progresse le Covid-19, le pays de 210 millions d’habitants, le plus touché d’Amérique latine, pourrait être, en juin, le nouvel épicentre de la pandémie qui a fait au moins 276 000 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine.
Trois jours de deuil
Le seuil des 10 000 morts ayant été franchi, le Congrès, qui s’est dit « solidaire de la douleur », a décrété, ce samedi, trois jours de deuil. Et les présidents du Sénat et de la Chambre des députés ont appelé les Brésiliens « à suivre les recommandations des autorités de santé » avant « un retour certain et définitif à la normalité ». Pendant ce temps, Jair Bolsonaro faisait du jet-ski sur un lac de Brasilia.
Depuis mars, la crise du coronavirus a donné lieu à des affrontements incessants entre le chef de l’État, hostile au confinement au nom de l’activité économique, et les gouverneurs et maires qui ont instauré ces mesures, confortés par le soutien de la Cour suprême.
L’État brésilien de loin le plus touché est celui de São Paulo (Sud-Est), dont le gouverneur Joao Doria a annoncé, vendredi, à ses 46 millions d’administrés la prolongation de leur confinement jusqu’à la fin du mois. « Nous sommes au pire moment de cette pandémie », a-t-il déclaré. « La situation est affligeante. Nous devons prolonger le confinement jusqu’au 31 mai ».
Cet État, locomotive économique du Brésil, enregistre à lui seul plus d’un tiers des décès dus au Covid-19 dans le pays, avec 3 608 morts et plus de 44 411 cas.
La courbe s’affole dans l’État de Rio de Janeiro
Deuxième grand foyer du pays, l’État de Rio de Janeiro a, lui, vu sa courbe s’affoler ces derniers jours (1 653 morts et 16 929 cas confirmés ce samedi), à un point tel que des mesures de confinement total sont envisagées, notamment dans sa capitale, Rio.
Jeudi, Rio détenait le triste record de létalité (10,2 %) du Covid-19 dans le pays. Mais proportionnellement à leur population, les États d’Amazonas (Nord) et du Ceara (Nord-Est) vivent des situations encore plus catastrophiques.
Ainsi, l’Amazonas, qui abrite de nombreuses tribus indigènes très vulnérables au virus, a enregistré 232 morts par million d’habitants, soit près de trois fois plus que les 79 morts de l’État de São Paulo.
Les hôpitaux saturés
Alors que le pic n’est pas attendu au Brésil avant plusieurs semaines, sept États du Sud-Est, du Nord et du Nord-Est voient déjà leurs unités de soins intensifs à environ 90 % de la saturation : São Paulo, Rio de Janeiro, Amazonas, Pernambouc, Maranhao, Para et Ceara.
Appliqué dans de nombreux États, le confinement a atteint les limites de son efficacité. Les Brésiliens, las de voir leurs mouvements restreints depuis fin mars, se remettent à sortir en raison de l’absence de mesures coercitives.
« L’armée des chômeurs ne cesse de grossir »
Le président Bolsonaro n’a, pour sa part, pas cessé de critiquer les gouverneurs, arguant que le remède était pire que le mal, cette « petite grippe », et que l’économie et le retour à l’emploi devaient être prioritaires. « L’armée des chômeurs ne cesse de grossir », a-t-il tweeté ce samedi en commentant une fermeture d’usine dans le Nord-est.
Selon le FMI, le Brésil risque une contraction de 5,3 % de son PIB cette année.
Source : Le Telegramme