Alpha Baldé : « Après un an, le bilan d’Antonio Souaré repose sur une montagne de promesses »

Connu pour son franc-parler et sa finesse d’esprit dans l’analyse des questions sportives, le journaliste sportif Alpha Baldé, consultant, entre autres, à RMC (France), ne cesse d’afficher ses ambitions pour l’émergence du football africain en général, et celui de la Guinée en particulier.

Dans un entretien téléphonique accordé à Conakry Infos, Alpha Baldé donne son point de vue sur la santé actuelle du football guinéen, la gestion de la Féguifoot par Antonio Souaré et la complaisance de certains journalistes sportifs qui, selon lui, se sont transformés en « cellule de propagande. Entretien !

Conakryinfos : Quel regard portez-vous actuellement sur le football guinéen en général ?

Alpha Baldé : Ecoutez ! Il y a quelques rares satisfactions. Mais très rares pour qu’elles soient retenues. Dans l’ensemble, on est mal en point. Je trouve que même l’engouement des gens qui s’était créé il y a 5 à 6 ans tend à disparaître. Les gradins sont vides dans le championnat local. La gestion, on va l’aborder plus tard, car elle est très inquiétante. Alors que la communication à la limite frise du ridicule. Quand on se rappelle toutes les promesses faites par la nouvelle équipe dirigeante de la Fédération guinéenne de football, arrivée en grande pompe, la déception est immense.

Conakryinfos : Depuis des années, le Syli national n’a plus la carrure de la génération des Titi Camara, Pascal Feindouno et Fodé Mansaré. Selon vous, ya-t-il une explication à donner à cette contre-performance de l’équipe nationale ?

Alpha Baldé : Et pourtant, on a aujourd’hui Naby Kéita qui, on l’espère tous, succèdera à Pascal Feindouno de par son génie sur le terrain. Mansaré était à Montpellier dans ses belles années, alors qu’aujourd’hui on a François Kamano qui est à Bordeaux. C’est mieux non ? Seydouba Soumah (Konkolêt), même s’il n’est pas dans un top club européen, fait toujours honneur à son rang quand il vient en sélection. Tout cela pour dire que je ne pense pas que c’est une question d’individualités. Je ne pense pas que la Zambie qui gagne la CAN en 2012, ou le Burkina Faso finaliste l’année d’après, a de meilleures individualités que la Guinée. La question que l’on doit se poser est la suivante : est-ce que les joueurs retrouvent cette envie de leurs aînés quand ils viennent en sélection ? Est-ce que le cadre s’y prête ? Aujourd’hui nous sommes dans une période où ils lisent tout, et savent pratiquement tout ce qui se trame. Ce qui peut conditionner leur état psychologique quand ils viennent en sélection. Ce qui n’était pas le cas de cette génération que vous évoquiez dans votre question. Les réseaux sociaux pullulent, les joueurs communiquent plus entre eux. Donc quand ils lisent que le coach n’est pas bon, que la fédé fait un mauvais boulot, etc. Une fois en sélection, ils ont juste envie de se voir entre potes et de retourner dans leur club. Sans oublier les petites tensions d’égo dans ce groupe ; car on aime nous vendre que tout va bien, mais combien de fois des commentaires sur un joueur parce qu’il n’est pas sanctionné alors qu’il est venu en retard au regroupement, ou d’autres faits sont discutés en petit comité. Pour moi, c’est loin d’être une question d’individualités. L’environnement ne s’y prête pas. Quand la terre n’est pas fertile, on peut planter la plante que l’on veut, elle ne verra jamais le bon jour.

Conakryinfos : Lappé Bangoura a été récemment remplacé par le technicien belge Paul Put qui a déjà raté sa première sortie avec le Syli national en match amical avec la Mauritanie. Pensez-vous qu’il peut redorer le blason du Syli national qui ne fait plus peur à ses adversaires ?

Alpha Baldé : Paul Put n’est pas un sorcier. Même si en Afrique on aime l’image du sorcier blanc avec les coaches qui viennent (rire). A mon humble avis, il n’est pas question de coach dans cette équipe. Je parlais d’environnement plus haut. Il faut aider Paul Put, lui faciliter la tâche. Les joueurs sont capables de réaliser des exploits, de se surpasser. On l’a vu face à la Côte d’Ivoire, face au Cameroun deux fois. C’est sur cela que le nouveau coach doit s’appuyer. Tenir un discours pour maintenir les joueurs et leurs donner cet état d’esprit sur la durée. Ne pas permettre de relâchement. Il l’a d’ailleurs parfaitement fait avec le Burkina en 2015, et on a vu que ça les avait menés en finale, alors que personne ne les voyait en finale au début du tournoi. Paul Put a déjà prouvé qu’il peut réaliser un exploit, sa tâche sera donc de confirmer à la tête du Syli National. Mais croyez-moi que si on continue dans cet amateurisme au niveau de la gestion de l’équipe nationale, même Guardiola ou Klopp ne pourraient y changer quelque chose.

Conakryinfos : Toutes les équipes africaines sont aujourd’hui renforcées par la présence des joueurs binationaux. Pensez-vous que la Guinée peut faire autant pour les inciter à joueur pour leur pays d’origine, à l’image du Marseillais Bouna Sarr qui hésite à jouer pour la Guinée ?

Alpha Baldé : Tout dépend de la politique mise en place encore une fois. Si vous partez les voir en voulant faire croire que vous êtes en situation de force, en faisant des sorties médiatiques pour faire culpabiliser le gamin comme l’a fait Kaba Diawara sur le cas Amadou Diawara, c’est évident que le joueur ne perdra même pas son temps à vous répondre. Il faut savoir que souvent l’intérêt sportif attire ces bi-nationnaux. Karim Benzema en est le parfait témoin lorsqu’il dit haut et fort qu’il a choisi l’équipe de France dans l’intérêt de sa carrière sportive. Donc lorsque vous êtes un pays qui joue une Coupe du Monde ou qui a une chance de remporter une ou des CAN, le joueur peut y voir un intérêt. Mais dans le cas de la Guinée, on ne remplit aucune condition. Et au-delà de ne remplir aucune de ces conditions (jouer un Mondial, ou remporter des CAN), on a une gestion calamiteuse de notre équipe nationale (certains joueurs qui voyagent mal, avec des vols trop long, des billets émis sans frais de bagages que tu vas te retrouver à devoir payer de ta propre poche une fois à l’aéroport, ou l’équipe qui fait des vols rocambolesques alors qu’avec une meilleure gestion, on aurait pu leur trouver un vol plus rapide pour mieux récupérer et bien jouer). Je l’ai déjà dit plus haut. Aujourd’hui vous allez parler à un joueur pour qu’il rejoigne une sélection africaine. Il va se renseigner dans son club, car il a des coéquipiers qui sont africains. Il va analyser tout cela, il va le peser. Et vous partez déjà de très loin quand vous vous appelez la Guinée. Et si en plus de cela vous ne savez pas vous y prendre dans la communication et le dialogue avec ces joueurs qui ont souvent grandi dans un environnement européen, vous vous flinguez tout seul. Pour faire une métaphore, c’est un peu comme le mec au chômage qui veut se faire la plus belle femme du quartier. On est d’accord qu’il part de très loin non (rire)

Conakryinfos : Le président du Horoya, Antonio Souaré, a été porté, il y a un an, à la tête de la Fédération guinéenne de football. Quel bilan faites-vous de sa gestion ?

Alpha Baldé : Posons-nous sincèrement la question : qu’est-ce qui a changé en bien dans notre football depuis l’arrivée de cette équipe ? Rien. Ah si, la qualification du Horoya en phase de groupe d’une compétition africaine. Après un an de gestion à la tête de la Féguifoot, à part cette qualification du Horoya, le bilan d’Antonio Souaré repose sur une montagne de promesses. Voir une montagne de promesses qui ne cesse de culminer sous nos yeux. On m’accuse souvent de ne pas aimer cette fédération. Je profite de votre tribune pour dire que j’aime, en tant que Guinéen, toute personne qui veut faire évoluer le football guinéen. Je ne veux pas faire du business sur ce football. A 8 ans, j’escaladais les murs du stade du 28 septembre pour aller voir les matches comme beaucoup de gamins. Donc je n’aime que ce football. J’ai rencontré à plusieurs occasions Mr Antonio Souaré, ainsi que ses deux Vice-présidents à Paris (ils peuvent en témoigner), je leur ai toujours affirmé que s’ils sont sur le chemin pour aider notre football, ils pourront toujours compter sur moi. Mais lorsque je verrai que les choses se passent autrement, je ne trahirai pas mon code d’éthique. Jamais ! Aujourd’hui beaucoup de confrères ont accepté de ne plus être critiques, car ça couperait leur source d’approvisionnement. C’est leur choix. Mais moi, je leur demande, et à vous aussi, et à tous ceux qui nous lisent, qu’est-ce qu’a apporté cette équipe de la Féguifoot depuis son arrivée ? Moi je ne vois que des règlements de compte, de multiples promesses non tenues, une communication à côté de la plaque, un football moins excitant dans le pays qu’avant. C’est ça le vrai bilan.

On sait tous pourquoi Lappé a été maintenu alors qu’on n’aurait pu éviter d’aller aussi loin avec lui. Le stade de Nongo, ça fait plus d’une année qu’il (Antonio Souaré) avait promis sa mise à disposition. On en est où aujourd’hui ? Sa campagne avait été axée sur les bi-nationnaux. Après plus d’une année, combien ont-ils réussi à ramener ? Ils vont partir prendre un joueur que personne ne connaissait juste pour dire qu’ils ont ramené quelqu’un. On avait même menti au public foot guinéen d’un soi-disant match amical avec la France, tout ça pour alimenter le fantasme du Guinéen. Je demande à notre presse sportive d’accepter d’être critique, car non seulement à l’état où se trouve notre football, sans critique on risque de le réduire au néant ; mais aussi parce que l’histoire retiendra les actes de chacun. On ne critique pas quelqu’un à cause de sa personne, ou son nom. On critique les actes posés.

Conakryinfos : Contrairement à ses prédécesseurs, Antonio Souaré a mis en place ‘’un bureau exécutif’’ parallèle et une équipe de communication composée d’une dizaine de personnes. Quel regard portez-vous sur ‘’cette révolution’’ de M. Souaré ?

Alpha Baldé : Mettre des éléments en place est une bonne chose. Mais la qualité de sa composition est encore meilleure. Antonio Souaré voyage beaucoup entre les responsabilités de la Féguifoot et celles de président de son club. Je ne sais pas s’il a beaucoup de temps à consacrer à ce bureau exécutif. Je vais vous faire une confidence, sans citer de noms. Un membre très influent de cette Féguifoot m’avait assuré, il y a quelques mois, qu’il n’avait encore même pas eu l’occasion de tabler avec le Président, alors que de nombreux dossiers étaient sur la table. Quant à la cellule de communication, je ne veux pas vraiment aborder ce point, car je trouve que de façon inconsciente elle est entrain de se tirer une balle dans le pied. Pourtant, c’est quelqu’un d’intelligent. De très intelligent pour avoir eu la chance d’échanger à plusieurs reprises avec lui. Parfois on lit de ces écritures, même sur la page officielle de la Féguifoot, on se croirait à l’époque du Parti Unique. C’est d’une folie absolue. Une cellule de communication ne doit pas être une cellule de propagande, mais hélas !

Conakryinfos : A la veille de la tenue de l’assemblée générale de la Feguifoot à Kindia, le président de l’AS Kaloum, Bouba Sampil a fait une sortie médiatique pour fustiger la gestion d’Antonio Souaré par la violation répétée des textes juridiques de cette instance. Que vous inspire ce coup de gueule de Bouba Sampil ?

Alpha Baldé : Grâce à vous j’ai lu cette lettre ouverte de M. Bouba Sampil. Et je vous en remercie d’ailleurs. Le président de l’AS Kaloum est souvent pertinent dans ses écrits. Ce n’est pas la première fois qu’il interpelle M. Souaré à l’écrit je pense. Je trouve que c’est une démarche réfléchie, qui devrait pousser le président de la Féguifoot à revoir son mode de fonctionnement. Je me souviens d’avoir rappelé dans une de mes nombreuses chroniques qu’une justice civile ne doit jamais sans l’ordre de la FIFA s’incruster dans le jugement d’affaire de football. Et les explications sur les fonds alloués qu’on n’aurait pas reçus de la part de la FIFA font froid dans le dos. Donc cette équipe aurait été incapable de présenter un dossier musclé à la FIFA pour qu’on puisse bénéficier de l’ensemble de la subvention annuelle ? J’ose croire que c’est un poisson d’Avril, car sinon on n’est pas loin de toucher le fond.

Conakryinfos : Antonio Souaré a signé la semaine dernière en France, un accord de coopération avec la Fédération française de football, afin d’appuyer techniquement la Féguifoot et d’assister la Guinée dans l’organisation de sa CAN 2023. Etes-vous au courant de la signature de cet accord ?

Alpha Baldé : Avec sa grande cellule de communication, comment voulez-vous qu’on loupe cela (rire) ? On en a fait tout un événement. Même si c’est une bonne chose. Il faudra maintenant suivre l’exécution de ces accords, et voir vraiment ce que ça rapporte à notre football. Il ne faudrait pas que ça fasse comme en politique où on signe des tas de cahiers, pour aucune évolution du pays (rire).

Conakryinfos : Outre la FFF, le président de la Feguifoot vient de signer aussi avec l’équipementier italien Macron, un contrat de sponsoring des équipes nationales. Est-ce une autre offensive de la nouvelle équipe de la Feguifoot dirigée par Antonio Souaré ?

Alpha Baldé : Ecoutez ! On n’est pas sponsorisé par Macron, mais Macron est sponsorisé par le Syli national (rire). Car on paie pour se faire habiller. Après avoir promis Errea qui n’a pas voulu s’aligner sur nos conditions, ensuite avoir annoncé Nike, encore un autre mensonge. On s’est finalement rabattu sur Macron, car l’équipe de la Féguifoot avait promis un sponsor au Syli. Sauf que la définition du sponsoring sportif est claire, et n’est pas celle qu’on vient de signer avec Macron. La Guinée ne gagne rien dans cette nouvelle signature avec l’équipementier Macron. C’est comme si on allait au marché, on achetait avec une réduction du prix d’achat des équipements sportifs, voilà. J’espère que le Président et ceux qui ont signé ce contrat ont en mémoire le trou financier qu’a laissé Macron dans les caisses de l’équipe togolaise lorsqu’elle les avait habillés pour la CAN. Moi j’aimerai juste qu’on me réponde, sincèrement, au lieu de prendre tout cet argent pour aller payer des équipements à Macron, pourquoi ne pas signer un vrai sponsoring avec des marques locales (le Mali l’a fait avec Airness) qui se battent pour être vues, et utiliser cet argent pour solutionner des problèmes plus frappants de notre football ? Guisport et Sindio sont des marques guinéennes. Pourquoi le Président Souaré qui m’avait dit dans un entretien privé vouloir promouvoir tout ce qui peut aider le Syli, n’a pas pensé à habiller le Syli avec la marque de jeunes Guinéens qui se battent dans le domaine de l’équipementier sportif ?

Conakryinfos : Voulez-vous dire que la Guinée a payé de l’argent pour être sponsorisé par Macron ?

Alpha Baldé : Normalement, le sponsor doit payer l’équipe pour promouvoir ses produits. C’est l’essence même d’un sponsoring. Mais nous sommes dans un cas où ici, nos besoins pour l’année 2018 ont été évalués à 450.000 euros. Macron nous accorde donc une réduction de 42% sur cette somme. Même pas la moitié de la somme. On est en position de faiblesse, pourquoi aller négocier une marque qui ne fait que grandir dans le monde du foot aujourd’hui ? Pourtant, un adage africain nous enseigne : « il faut péter à la hauteur de ses fesses ». Et là on s’est vu trop beau, et cette pression, la Féguifoot se l’est mise toute seule, en annonçant chaque matin un équipementier par-ci, un autre par-là. Regardez le Cameroun, ou même la Côte d’Ivoire qu’on a battue qui perçoit 700 millions de FCFA à travers Puma. C’est cela un contrat de sponsoring. Le reste c’est du marché et de la réduction de prix d’achat, rien d’autre. Il est vrai que nous n’attirons pas, même si le Président de la Fédé est le premier à dire qu’on est un grand pays de foot, qu’on a un championnat professionnel, etc. toutes ses communications font du mal à notre football sans le savoir. Donc rabattons-nous sur des sponsors où nous n’allons pas payer plus de 250.000 euros annuel, car cette somme peut boucher énormément de trous. Mais le problème dans ce pays, c’est qu’on préfère toujours faire dans les grandes annonces, alors qu’au fond cela n’a aucun intérêt sur le long terme pour notre football.

Au Togo, rien que pour la CAN 2017, Macron a saigné les caisses de la Fédération Togolaise de Foot. Plus de 130 millions en frais d’équipements pour la CAN, alors tu dois penser aussi aux primes, aux conditions des joueurs, etc. Et on connait tous l’aventure du Togo avec Macron. Il ne faudrait pas commettre les mêmes erreurs.

Conakryinfos : Pensez-vous à un avenir radieux pour le football guinéen ?

Alpha Baldé : Les signaux que je vois actuellement ne me permettent pas de le penser malheureusement. Mais j’espère bien me tromper. On croit beaucoup au hasard et à l’irrationnel encore chez nous. Cela peut marcher une fois, mais pas sur la durée. Il faut qu’on accepte de mettre ses sentiments de côté, de se donner la main, de mettre les gens qui connaissent le football dans la gestion du football. Que la presse sportive fasse son boulot, et ne soit pas des businessmen. Il faut que toutes les parties du corps fonctionnent, sinon on sera toujours malade. C’est comme ça.

Conakryinfos : Voulez-vous dire que l’équipe de M. Souaré ne regorge pas de fins connaisseurs de football ?

Alpha Baldé : C’est quoi un connaisseur de football ? Ça peut être subjectif, et chacun peut s’estimer connaisseur de ce sport. Personne n’en a le monopole. Moi je ne les connais pas tous, car je n’ai pas eu la chance de discuter personnellement avec eux. Donc j’aurai du mal à parler d’eux individuellement. Mais les plus exposés, notamment le Président et les deux Vice-présidents, je pense pouvoir apporter une appréciation sur leurs actions. Pour le Président, je pense qu’il a une mission propre à lui. Il est maladroit dans certaines sorties qu’il fait, mais je pense qu’il est animé tout de même d’une envie de faire les choses. Ses ambitions sont hautes, ça ne m’étonnerait pas de le voir finir à la CAF. Il sait bien ce qu’il veut (rire).

Mais il faut avouer que son entourage brille par son absence totale. Ou de par leur démagogie orchestrée savamment par des amis ou proches dans la presse. On a quand même un vice-président d’une fédération nationale qui nous a menti sur un match amical dont lui seul avait l’info, car en ayant enquêté ici à la Fédération française de football, on m’a ri au nez (rire), ensuite il a sorti le sponsor Nike de son chapeau, il s’est affiché avec le gardien Doucouré qu’on a jamais vu. Il avait promis un tas de joueurs dont Bouna Sarr qui aujourd’hui ne décroche aucun membre de la Féguifoot (s’ils vous disent le contraire, c’est du mensonge). Ce Monsieur fait glisser le Président sur des terrains glissants et malheureusement il ternit son mandat en même temps. Dans tout pays qui se respecte, avec une véritable presse sportive impartiale, on aurait demandé des comptes à ce monsieur. Mais on préfère ne jamais tirer de leçon ne jamais mettre les gens comme ça en face de leur responsabilité, tout simplement parce qu’il vous débloque des sommes sur vos comptes en banque, ou qu’il vous permet de voyager à chaque moment avec l’équipe de la Féguifoot, ou de vous rendre partout où le Syli national part.

Au départ de Bruno Bangoura, ancien président de la Féguifoot, les chantiers étaient monstres. Ils le sont toujours de nos jours. Elle est où l’explication ? Je ne sais pas s’ils sont des fins connaisseurs ou pas, mais une chose est certaine, c’est qu’ils ont vu l’opportunité d’approcher une vache à lait. Ils font du business et ne pense pas au football. Alors là, du tout. A aucun moment on ne s’assoit pour parler de refonte du football local, du football amateur. En 2018, on nous parle encore de panne du groupe électrogène au stade du 28 septembre qui empêche les matchs de se dérouler. Vous imaginez ? C’est digne de la science fiction. Donc on a des milliers d’euros à donner à Macron, mais on n’a pas de groupe pour éclairer notre stade vétuste pour voir notre championnat se jouer. Moi à leur place, j’aurai mal à ma fierté à cause de mon poste. Je préfère ne pas tout dire ici, car j’ai assisté même à tout ce qui a précédé à la Coupe du Monde Junior cet été. Et si vous saviez comment ces jeunes se sont préparés et comment les choses ont été faites… Quand on aime le football, quand on aime ce pays, quand on aime ces enfants qui jouent dans la rue, et ces jeunes joueurs qui ont fait de ce sport leur métier jouer en championnat, on ne peut pas leurs faire cela. Respectons-les au moins…

Conakryinfos : Votre mot de la fin.

Alpha Baldé : C’était un plaisir d’évoquer l’actualité du football guinéen avec vous. Je suis beaucoup plongé dans le football européen avec les émissions ici en France. Et j’avoue que ça me manque de parler, discuter du football de notre pays. Car comme je l’ai dit, je suis et resterai Guinéen. J’espère que vos lecteurs apprécieront.

Conakryinfos : Merci Alpha Baldé.

Alpha Baldé : C’est moi qui vous remercie.

 

Un entretien réalisé par : Boua Kouyaté

Tel : 620 02 03 06/669 85 20 20