Absent de la scène politique guinéenne depuis plusieurs mois, Abdourahmane Sano, président par intérim de la plateforme dénommée Citoyens pour la République (CPR) a réagi ce jeudi 4 janvier 2024 devant les hommes de médias sur la vie sociale et politique du pays.
Dans une lettre adressée au président de la transition Colonel Mamadi Doumbouya, Abdourahmane Sano a décrit une situation délétère de gestion de la Transition par le CNRD.
Pour lui, « à un an de la fin de la durée que vous vous êtes librement accordée pour conduire la Transition et mettre en œuvre le programme que vous avez établi unilatéralement, et au regard des développements qu’on observe, il y a lieu de vous exprimer mes profondes inquiétudes, quant au respect des engagements du CNRD et à une issue apaisée de la Transition actuelle », a-t-il écrit
Par ailleurs, il a exprimé ses inquiétudes quant à l’orientation que le CNRD a entrepris dans la conduite de la transition : « une bonne Transition se veut un moment de communion et une opportunité de réflexions et d’engagement de tous les acteurs du pays, autour des causes qui l’ont provoquée. Une Transition est un moment pour s’accorder, en toutes responsabilités et sérénité, sur les solutions viables et sur les mécanismes efficaces et transparents de mise en œuvre, dans l’intérêt exclusif de la nation. Or, le constat d’aujourd’hui révèle l’absence d’un cadre de dialogue paisible et inclusif, permettant de créer les bases d’un consensus national sur la gouvernance, le chronogramme et la durée de la Transition. Une telle démarche aurait permis de garantir à la Transition actuelle une légitimité forte et une plus grande chance de succès, se traduisant par des élections transparentes, libres et apaisées, dont les résultats ne feraient l’objet d’aucune contestation crédible », dit-il
Avant d’ajouter : « Malheureusement, et comme on pouvait le redouter, l’égocentrisme, les calculs politiciens, les vieilles rancœurs, les ambitions démesurées, l’opportunisme et la passion, stimulés par la corruption et la quête effrénée de statut de l’élite, ont pris le dessus sur la raison, sur le sens de responsabilité et sur l’intérêt de la nation. Cet état de fait a conduit à des positions inconciliables qui compromettent aujourd’hui la recherche de solutions endogènes appropriées, devant permettre de redresser nos errements démocratiques. Dans ce pathétique affrontement, le CNRD n’a pas su s’élever en arbitre impartial, en privilégiant les retombées bénéfiques et durables pour le Peuple, d’une Transition répondant aux espérances de nos populations, en cette phase cruciale de notre histoire», a-t-il fait comprendre.
Au sujet du dialogue inter-guinéen pourtant initié par le CNRD, Abdourahmane Sano estime que plus d’un an après ce cadre de dialogue il n’y a aucune visibilité.
« Des difficultés persistantes sont constatées dans la coordination de l’action gouvernementale, notamment en raison de l’imprécision et du manque de transparence des relations entre le Gouvernement et le CNRD, qui demeure un organe largement informel dans sa constitution et dans son fonctionnement, plus de deux ans après son avènement au pouvoir. Le mode de sélection des hauts cadres du pays, a placé l’État sous la coupe de l’inexpérience, altérant ainsi les performances de l’administration et la qualité de l’offre de services publics », a-t-il ajouté.
Adama Sira Bah