Abdoulaye Conté « Sékou Touré a décimé l’élite guinéenne »

L’association des victimes du Camps Boiro (AVCB) était en conférence de presse ce 22 janvier 2021, à la Maison de la Presse, à Kipé. La conférence avait pour thème « Les purges qui décimèrent l’élite guinéenne de 1969 à 1980 et de l’illégalité du tribunal populaire révolutionnaire ».

Abdoulaye Conté dont le père, Ansoumane Conté, homme d’affaires, a été tué par le régime de Sékou Touré, a tout d’abord rappelé les débuts de Sékou Touré en politique : « Le 2 août 1953 Sékou Touré est élu conseiller territorial à Beyla avec le soutien de Houphouët Boigny. Mais dès après l’indépendance, en 1959, malheureusement commence les tueries en Guinée. Elles vont être orchestrées et planifiées sous forme de complot. Toute la stratégie du PDG a tourné autour de complot pour arrêter des personnes qui sont considérées comme adversaires de Sékou Touré. Le premier complot intervient en 1960, c’est le complot qu’ils ont appelé « complot des intellectuels  » dont plusieurs ont été tués. Parmi eux Fodé Touré pharmacien, Diallo Yaya, ingénieur, Lamine Kaba, imam de la mosquée de Coronthie, Diallo Ibrahima… Ils ont tous été sauvagement tués. Le deuxième complot intervient en 1961, c’est le complot qu’ils ont appelé le « complot des enseignants ». Les enseignants ne voulaient pas que leurs homologues français quittent la Guinée. Ils étaient nombreux, les victimes de la répression, notamment, Koumandian Keïta, Traoré Mamadou dit Reotra, Cheick Bahi, Baldé Hassimiou, Baldé Mountaga, Camara Sékou, Bah Ibrahima Kaba (rescapé). Tous ceux qui n’ont pas été tués ont fui le pays. Le troisième complot c’est le complot de petit Touré qui était homme d’affaires qui à Kankan. Son malheur, il a voulu faire la politique. Il a demandé un agrément pour un parti politique à Fodéba Keïta qui était Ministre de l’intérieur. C’est là que le sort des deux a été scellé. Le quatrième complot c’est en 1969 c’est le » complot Kaman Diaby suite aux renversements de Kwame Nkruma et Modibo Keïta. Automatiquement Sékou Touré a juré que lui ne va pas se laisser faire en Guinée. Parmi les personnes qui ont été tués dans ce complot, Kaman Diaby, Commandant Cheick Keïta, Capitaine Thierno Diallo, Capitaine Koivogui Bea, Capitaine Bailo, Capitaine Kouyaté Sandan, Capitaine Ali Koumbassa, Capitaine Abdoulaye Barry, Capitaine Abdoulaye Baldé, Lieutenant Bah Abdoulaye de la transmission, capitaine Abou Soumah.

De 1970 en 1980 commença les vraies purges. Sékou Touré avec l’agression de la Guinée a profité pour liquider toute adversité. Une enquête interne dirigée par Alhassane Diop exclut toute implication intérieure. Mais Sékou Touré n’était pas du même avis.  Les arrestations commencent alors, beaucoup ont été arrêtés torturés et tués au camp Boiro », a indiqué Abdoulaye Conté.

Dans un document de 16 pages une lettre de Sékou Touré à Barry 3 qui disait : « Je te demande la vérité, toute la vérité sur les causes, l’organisation, et les objectifs de l’Agression du 22 novembre 1970. Ton sort, celui de ta maman et de ta famille dépendent de toi. Explique-moi ce que tu sais. J’attends ton rapport complet. »

Boubacar Barry, ancien ministre, souhaite que toutes les fosses communes soient identifiées pour que les enfants des victimes puissent faire en fin leurs deuils.

Selon les conférenciers, l’AVCB a plusieurs missions, dont la manifestation de la vérité sur les violations des droits humains intervenues principalement avant 1984 sous le régime du premier président Ahmed Sékou Touré. Pour cela, elle collecte, classifie, organise l’archivage et la divulgation d’archives sur cette période. L’association souhaite aussi la mise en œuvre d’une justice transitionnelle permettant de recoller le tissu social guinéen et contribuer à une consolidation de la paix à long terme.

Amadou Lama Diallo 669681561

 

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