Alpha Condé : « J’ai reporté les élections pour ne pas qu’il y ait un doute au sein de l’UA et de la CEDEAO »

Au lendemain du report pour deux semaines des élections législatives couplées au référendum, initialement prévues pour dimanche le 1^er mars, le président Alpha Condé s’’est rendu ce samedi au siège national du parti au pouvoir, le RPG Arc-en-ciel, pour expliquer à ses militants les raisons profondes de sa décision de reporter le scrutin législatif et référendaire.

« Qu’est-ce qui est plus important dans une élection ? C’est le fichier électoral. Donc, on ne qu’il y ait du doute sur le fichier électoral. Car, nous avons aujourd’hui le logiciel le plus performant qui puisse exister en Afrique. Ce léger report permettra d’enlever, s’il y en a encore, des morts et des mineurs, parce que nul ne doit s’inscrire deux fois. Donc, s’il y a un doute qu’on veut voler, il faut qu’on montre à la face du monde qu’on ne vole pas et que nous, nous faisons des élections transparentes. », a expliqué le Chef de l’Etat sous les ovations de ses militants fortement mobilisés.

Plus loin, Alpha Condé a justifié le report de la date des élections par une demande faite par la CEDEAO qui voudrait s’assurer de la sincérité du fichier électoral.

« La Guinée a toujours été un pays panafricain qui a toujours joué un rôle au niveau de l’Afrique. Donc, nous ne pouvons pas accepter qu’au niveau de l’Afrique, qu’il y ait un doute sur notre sincérité dans les élections. Cela est fondamental, je dis bien en Afrique. J’ai toujours dit que les questions africaines doivent être réglées par les Africains. Donc, quand nos amis africains veulent savoir si notre fichier électoral est bon, je leur dis ‘’venez vérifier’’. Parce que si on dit la nuit que tu es vilain, le matin on va savoir si tu es vilain ou beau. Donc, on a dit : ‘’Ok, on va reporter les élections de deux semaines pour que vous veniez constater vous-mêmes que : un, il n’y a pas de doublon, deux, il n’y a pas de morts dans le fichier, et trois qu’il n’y a pas de mineurs. », a-t-il précisé.

Et d’ajouter : « Le deuxième problème, c’est qu’il y a 2 millions 400 mille électeurs qui ont voté en 2015, mais qui n’avaient pas mis le doigt. Donc, l’OIF nous avait proposé de faire une refonte de la loi électorale. Chose que nous avons proposée, mais l’opposition a refusé. Or, vous savez qu’il fallait les 2/3 à l’Assemblée nationale. Donc, la CENI n’a pas la possibilité d’enlever les noms de ces électeurs qui n’ont pas mis leurs doigts. Mais là aussi, nous n’avons rien à craindre parce que si on regarde bien, on sait bien qui est favorisé dans ça. Il est important que tous nos amis viennent constater ça. Donc, je ne voudrais pas qu’on dise qu’on a volé. C’est pourquoi j’ai dit à nos amis africains : venez et on vous laisse le temps de tout vérifier. Donc après leurs travaux, on va aux élections. Nous on est sûrs de notre logiciel. On sait très bien. On ne peut pas se permettre quand on connaît le passé et le présent glorieux de la Guinée qu’il y ait un doute dans l’Union Africaine ou la CEDEAO nous concernant. ».

Malgré le report de la date du scrutin législatif et référendaire, le président Alpha Condé a invité les responsables et les militants de son parti à plus d’ardeur dans le travail auprès des électeurs.

« Il faut utiliser les deux semaines-là pour vraiment renforcer le travail sur le terrain, parce que beaucoup de nos militants n’ont pas encore retiré leurs cartes d’électeur. Tout le monde n’a pas encore appris à voter. Donc, vous devez travailler plus dans les deux semaines-là qu’avant. », a-t-il indiqué.

Déjà, bien avant cette sortie médiatique du Chef de l’Etat, dès après la diffusion de la déclaration annonçant le léger report des élections, certains cadres du parti au pouvoir ont vu cette décision comme une opportunité pour le RPG Arc-en-ciel d’affiner la victoire du OUI.

C’est le cas du directeur national des impôts, Aboubacar Makhissa Camara, également président du comité d’appui aux élections dans la préfecture de Fria.

« Ce léger report des élections est une opportunité pour nous de procéder aux derniers réglages afin de parfaire la victoire du OUI en faveur du RPG Arc-en-ciel et des candidats. », s’est réjoui M. Camara.

Avec ce report des élections législatives couplées au référendum sur la nouvelle Constitution, l’opinion publique continue à se poser la question sur une éventuelle participation de « grands partis » de l’opposition qui avaient décidé de boycotter les élections pour cause de « fichier truqué ».

Dans sa déclaration du vendredi, le président Alpha Condé a été catégorique sur la question.

« Je persiste encore, et c’est important : ne seront concernés (par le scrutin à venir) que les partis qui sont déjà en compétition, c’est à dire qui sont en règle devant la CENI, les partis déjà engagés dans la compétition électorale. », a tranché le président de la République.

Mohamed Sylla