Le ‘‘Mof’’ : à l’origine du ‘‘Gombo’’ ou le ‘‘Nèm-Nèm’’, le transport remis aux journalistes lors des évènements
Le journalisme en Guinée, comme beaucoup d’autres professions sont confrontés à d’énormes difficultés. Cette précarité dans la presse oblige quelques fois, dans plusieurs évènements, certains confrères à dresser une liste de présence pour réclamer le transport, quelque fois à la demande des organisateurs ou non. Cette pratique qui ne date pas d’aujourd’hui fait que, c’est la nouvelle génération de journalistes qui en paie les frais et ainsi qualifiés injustement de « journalistes alimentaires ». A l’occasion d’un évènement récemment organisé à la Maison de la Presse de Guinée par la structure Médias Awards Guinée, pour célébrer les soixante ans de carrière de Odilon Théa, dans le journalisme, un ancien de la Voix de la Révolution, nous rappelle que cette pratique date de son époque.
Le ‘‘MOF’’, oui ! Le ‘‘MOF’’ et les anciens dans la presse savent bien de quoi il s’agit. Aujourd’hui surnommé le ‘‘Gombo’’ ou encore le ‘‘Nèm-Nèm’’ est ce fameux montant remis aux journalistes après un évènement à titre de transport, un montant quelque fois consistant et dès-fois, dérisoire.
Odilon Théa, riche d’une carrière de soixante ans d’expérience, sa modestie et ses qualités dans le milieu du journalisme se passe de commentaire. Dans ce témoignage, il rappelle l’histoire de cette pratique au sein du métier, « Il y a un mot qui me déplaisait souvent à la Voix de la Révolution, c’était le mot ‘‘MOF’’. Cela veut dire, c’est quand tu vas à en reportage et tu reviens la poche bien remplie » dénonce-t-il.
Promouvant un journalisme de qualité et d’intégrité, ce doyen de la presse conseil, « il ne faut pas aller déranger les gens qui vous reçoivent. Une fois que le reportage est fini, il faut rentrer à la rédaction, il ne faut pas compter sur le transport. Si d’autres ont choisi ce métier parce qu’ils vont avoir le transport quand ils sortent sur le terrain, moi je n’apprécie pas cela. En journalisme, il faut savoir travailler avec abnégation ».
A la retraire depuis 1996, Odilon Théa, s’est reconverti dans l’enseignement de ce métier qui lui est tant cher.
Aujourd’hui, frappé par le poids de l’âge, il reste encore l’une des plus grandes voix de la presse guinéenne et demeure une référence dans le milieu du journalisme en Guinée.